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Couche picturale


 

 

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Question 1 - désolidarisation de la couche picturale - écaillage - pulvérulence

Pierre:" J'ai acheté un tableau ancien, anonyme. En voulant le nettoyer avec un coton imbibé de térébenthine, je me suis rendu compte que la peinture vient avec le coton. Ce n'est pas la couleur qui vient , mais plein de petites "croutes" de peinture; on commence à voir la toile en dessous"

Réponse 1:" Cher Pierre, ce phénomène est grave: il s'agit d'une désolidarisation de la couche picturale par rapport à son support, doublé d'une pulvérulance de cette matière. En premier lieu, ne manipulez plus ce tableau; ne le promenez pas d'une place à une autre....Qu'il ne prenne pas de choc malencontreux: la peinture se transforme en poussière, l'oeuvre est menacée. Ce type d'altération survient avec l'âge, et ne concerne que les toiles dont la préparation des dessous a été négligée par le peintre. Encollage imparfait : dosage de colle de peau, et/ou de poisson mal réglé, appliqué à une température, ou sous des conditions climatiques impropres. Enduction éventée...Il est possible que ce tableau ai subi un dévernissage violent: un excès d'acétone qui détruit la cohésion interne de la couche picturale...Le remède est techniquement complexe: le concept consiste à consolider la couche picturale par une imprégnation de résines réversibles véhiculées par un solvant volatile; en traitant la face et le revers. Cette technique exige une maitrise du geste parfaite. En effet, si le geste n'est pas sûr, le résultat sera la migration des poussières picturales sur la surface du tableau ! Nous vous conseillons vivement de prendre contact avec un restaurateur diplômé, car l'opération est délicate. Maintenant, il vous appartient également de savoir si le prix de l'oeuvre et son intérêt plastique justifient l'investissement réel d'une restauration....En attendant, vous pouvez poser le tableau à plat, et pulvériser du vernis à retoucher "Rembrandt", (ce vernis est réversible et d'une grande qualité quant à la tenue et à la régularité du film). Il faudrait faire plusieurs passes légères, et bien laisser sécher entre chaque couche. Ce traitement est simple, rapide, économique; et il permet de maintenir le tableau en l'état. Un dernier détail, n'accrochez pas le tableau sur un mur comportant un radiateur ou un convecteur électrique: danger! Evitez aussi de l'accrocher sur un mur mal isolé donnant sur l'extérieur. A bientôt" Réponse le 25/02/2007, par Rafael Bichon, website: atelier rafael (de tours), Facebook, décors et fresques

Lien vers l'article "Solvants, diluants, vernis", Rafael de Tours - Bichon, Nice 1998

 


Question 2

Définition simple des pigments et des liants - pour grands débutants

La matière et la lumière se rencontrant dans notre espace environemental, le tout pris au sens large, produisent un effet chromatique. Appelons cet effet: la couleur. Le peintre qui désire reproduire ces phénomènes chromatiques utilise des tubes de peintures, ou des godets d'aquarelle. Loin de vouloir, et de pouvoir, reproduire au sens strict du terme l'opération physique, qui, dans la pomme par exemple, produit l'effet chromatique rouge, puisque nous sommes devant la toile en l'absence de la matière "pomme", nous cherchons à trouver une couleur qui s'en rapproche, selon notre sensibilité propre.

Et bien voilà la notion de pigment approchée. Un pigment est une matière dont la fonction est de fournir une impression colorée. Ce pigment a des origines diverses. Il peut avoir une origine naturelle: les terres, les ocres, les ocres calcinées, l'os, la cochenille, certaines pierres plus ou moins rares...Il peut aussi avoir une origine issue de la chimie de certains matériaux: le plomb, le manganèse, des sulfates de cuivre, de fer...La chimie du charbon, et surtout celle du pétrole ont donné quantité de pigments nouveaux, à la fois couvrant, colorant et résistant à la lumière. Toutes ces poudres, pour leur assurer un pouvoir de cohésion et de durabilité, sont agglutinées par malaxage à un liant. Le liant peut lui aussi avoir diverses origines. Pour la peinture à l'huile, le liant est habituellement une huile naturelle: l'huile issue du lin, celle issue de la graine de pavot appelée huile d'oeillette, peu jaunissante et moins siccative, et surtout l'huile de carthame, qui devient le liant moderne préféré des fabricants, pour des raisons de coût, mais aussi de stabilité en tube. Pour les gouaches et les aquarelles, le liant change de nature, car il doit être sensible à l'eau. Le pigment, donc, reste le même, mais le liant qui sert à l'agglutiner dans le tube, ou dans le godet d'aquarelle, est choisi en fonction de sa capacité à entrer en solution au contact de l'eau. On trouve des gommes naturelles qui correspondent à ce critère. La gomme arabique est la matière naturelle servant de liant aux gouaches et aux aquarelles. La gomme arabique Kordofan, de qualité supérieure, est utilisée par les établissements Sennelier à Paris depuis plus de cent ans, pour leurs fameuses aquarelles par exemple...La gomme laque est le liant des encres dites "de Chine", et est généralement considérée comme indélébile après séchage...(à voir en fonction de la qualité de l'encre elle même, et de celle du support). La gomme laque est aussi le liant des encres des coloristes et des illustrateurs. Un autre liant hautement traditionnel, et d'un usage fort ancien: l'oeuf. Le jaune d'oeuf principalement, mais aussi le blanc, (en mélange avec de la térébenthine de Venise par exemple). Dans le cas de l'oeuf, du jaune d'oeuf pur, le mélange avec le pigment se fait au moment de la réalisation de l'oeuvre. Si le mélange doit être conservé, il faut lui adjoindre certains composants supplémentaires, (plastifiants, agents conservateurs, cire ou résine), au risque de voir durcir irrémédiablement le mélange. Le mélange oeuf-pigment est soluble dans l'eau lorsqu'il n'est pas encore sec; c'est le liant des peintures de la famille des icônes. La peinture à l'encaustique, tombée en désuétude, fait intervenir un liant à base de cire, et s'applique à chaud.

La nature du liant, ou de l'agglutinant des pigments en vue de leur utilisation dans le domaine des arts et de la décoration, entraine certaines contraintes dans le choix et l'utilisation des produits secondaires: solvants, diluants et vernis. En effet, l'huile naturelle est insensible à l'eau: vous utiliserez donc des essences et des huiles pour diluer la peinture sortant du tube. La gomme arabique étant insensible aux huiles, vous utiliserez donc de l'eau, ou de la gomme arabique liquide pour diluer vos aquarelles et vos gouaches... Et ainsi de suite.

Pour une information plus détaillée sur les solvants de la peinture à l'huile, lisez l'article de Rafael de Tours - Bichon traitant le sujet. (niveau: confirmé)


Question 3: Mélange des couleurs à l'huile en tubes du commerce avec des pigments purs en poudre

Xavier: "Bonjour, savez vous s'il est possible de mélanger directement des pigments purs avec des couleurs en tube (huile extra fine) afin d'en augmenter l'intensité ? Comment peut réagir la peinture sur un châssis en lin ou en coton ?"

Réponse3:"La réponse globale à votre question est "oui". "Oui, mais". Pour le détail de la mise en oeuvre, voici le processus: Les pigments purs du commerce, (Sennelier, Lefranc-Charbonnel ou autres...), sont en fait constitués d'une matière colorante et d'une charge minérale qui favorise l'action du mouillage de la poudre colorée, et qui, chez certains fabricants "premier prix", en atténue aussi l'éclat. Concrètement, nous vous conseillons de mouiller vos pigments avant de les mélanger aux couleurs en tubes du commerce. Cette opération se fait dans une assiette en verre, (par exemple): vous formez un petit "volcan" avec votre pigment pur, puis vous faites tomber quelques gouttes d'huile de lin clarifiée au centre du volcan, jusqu'à ce que celui-ci soit mouillé: un peu de patience sera nécessaire... (Mais si vous désirez re-travailler vos couleurs en tubes, nous imaginons que vous l'avez). Le mouillage des pigments est indispensable pour vous permettre un malaxage homogène de vos couleurs entre elles sur la palette. Sans ce mouillage préalable, votre couleur formera une "bouillie" épaisse et grumeleuse, que vous pourrez néanmoins récupérer en lui adjoignant de l'huile ou de l'essence: mais cela sera fastidieux, et d'un éclat douteux. Il est préférable de régler l'onctuosité de sa matière en deux temps: au final, vous y gagnerez. Pour les proportions pigments/couleur tube, à la condition de bien mouiller la poudre colorée, elle est affaire de goût, et ne souffre pas de prescriptions spéciales. Vous pouvez également remplacer l'huile de lin, par de l'huile d'oeillette moins siccative, mais non jaunissante; (l'huile de carthame est un produit peu répandu, sauf chez les vrais spécialistes beaux arts) Maintenant, prenez l'une de vos couleurs en tube, regardez à l'arrière du tube, et repérez sa composition: vous voyez la nature du liant, de l'huile utilisée pour le broyage, en général: huile de lin, d'oeillette, ou de carthame, parfois huile de soja. Vous voyez également la nature du pigment employé par le biais de ce code lettre(s)/chiffre(s): exemple PR 102 *** O. Ce code "universel", colour index, signifie que vous avez un pigment "rouge" (PR), n°102, très fixe à la lumière et opaque, il s'agit dans notre exemple d'ocre rouge. En quoi ce petit développement est-il susceptible de vous intéresser ? Un petit conseil, si vous êtes un débutant surtout: songez que toutes les couleurs de la palette se déclinent en couleurs froides et en couleurs chaudes (!?) Un jaune peut être froid ou chaud en fonction de la nature chimique de son pigment... Idem pour toutes les autres couleurs, mis à part les terres naturelles. En fait, un jaune citron est froid, alors qu'un jaune de cadmium est chaud; un bleu outremer est chaud, alors qu'un bleu phtalo est froid.... Faites vous votre propre palette avec vos couleurs en tubes dans une assiette en carton blanche, type pique-nique, et habituez votre oeil, familiarisez-le avec cette essentielle question des températures de couleurs. En effet, cela vous évitera des accidents lorsque vous mélangerez vos pigments purs avec vos couleurs en tubes. Tous les pigments actuels sont miscibles entre eux, ainsi que les huiles, mais un rouge chaud mélangé avec un rouge froid ne vous donnera pas la couleur que vous souhaitez de prime abord.... L'expérience que vous acquérrez en travaillant vos couleurs vous permettra une singularisation très nette de votre production, soyez en sûr. Pour ce qui concerne le support toile, lin ou coton, ou synthétique, s'il est apprêté d'usine, le comportement sera bon pour ce qui regarde la stabilité de la pâte. Les craquelures prématurées qui surviennent parfois, sont plus le résultat dun recouvrement maladroit d'une matière siccative sur une couche précédente insuffisamment sêche, et plus rarement le signe d'une pâte de mauvaise qualité. Alors, dans le doute, de temps en temps, entre deux séances, vaporisez un peu de vernis à retoucher sur votre travail avant de le reprendre...N'abusez pas du vernis. Nous espérons vous avoir été utiles. ". Réponse de Rafael de Tours -  Bichon, le 24/02/2008


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